Wow ! C’est donc à ça que ressemble Uxy ? Ou au moins, une ville d’Uxy ? C’est— euh… en fait, je n’ai pas tellement de point de comparaison avec Nael. Je n’ai jamais vraiment été au-delà de Reytel et Elsia. Aux meilleurs des cas, je connais parfaitement la faune et la flore qui entourent Reytel ! Toujours mieux que rien ! Quoi qu’il en soit, je me retrouve ici à cause de certaines circonstances ! Une sorte de journée estivale prônant la paix entre Nael et Uxy ! Je n’avais jamais entendu parler de cette journée avant, mais maintenant j’y suis !

Ou plus exactement… Je suis ou j’accompagne… difficile à dire, mais le Seigneur Baal m’a ordonné de venir avec lui à Katara. Vu comme ça, c’est plutôt que je le suis, non ? Eh bien, de toute façon, je l’aurais suivi même s’il ne me l’avait pas ordonné ! Sauf s’il m’en avait donné l’ordre contraire, bien entendu. C’est un peu mon travail, après tout. Veiller sur lui, le protéger en cas de problème… même si je me demande toujours comment un faible Healer comme moi pourrait le protéger… enfin bon ! Je ne suis clairement pas là pour déprimer à propos de ça ! Je peux le soigner, c’est toujours mieux que rien !

Debout sur le ponton sur lequel notre bateau a accosté, j’observe avec une certaine curiosité les environs. Il y a… eh bien, de l’eau partout, pour ainsi dire. À perte de vue. Et du euh… gravier blanc et très, très, très fin. Euh… du sable, oui, voilà ! Et puis l’eau, elle essaye même de dévorer le sable, là-bas ! Est-ce qu’elle essaye d’atteindre tous ces gens qui sont assis, allongés ou en train de jouer sur le sable ? Ils n’ont pas l’air d’avoir peur que l’eau arrive jusqu’à eux, ils poursuivent simplement leurs petites activités. Je crois que mes parents m’ont déjà parlé de ce genre d’endroit. Ils avaient appelé ça… euh… une plage, oui, c’est ça ! Donc nous sommes près d’une plage, si je comprends bien.

Soudainement, j’entends mon prénom être interpellé, et je sursaute en quittant mes pensées. Légèrement en recul par rapport au jeune prince, je tourne la tête vers celui-ci en clignant des yeux. Puis, je souris joyeusement et acquiesce pour confirmer. Après un dernier coup d’œil pour être sûr que rien n’arrivera, je m’avance sur le fameux sable… oh ! C’est… mou ? Léger ? Je m’enfonce un peu dedans, même ! C’est super bizarre ! Et marrant en même temps ! Euh… pas vraiment le temps de s’extasier sur du sable. Je regarde autour de moi, cherchant une personne qui pourrait m’en dire plus sur les évènements de cette journée estivale. Huh… je ne sais pas, ils auraient pu se mettre un tee-shirt bleu avec écrit « Aide » ou « Accueil » pour qu’on puisse les reconnaître !

Je m’avance davantage, errant un peu sur la plage, jusqu’à ce qu’une femme tenant des feuilles vienne directement à ma rencontre. C’est sûrement elle qui fournit les explications ! Et en effet, elle m’aborde, et nous à discuter… ou plutôt, elle fait pratiquement un monologue en m’expliquant toutes les diverses activités et jeux proposés tout au long de la journée. Mais whouah, la liste est loooongue ! Elle termine en me tendant une des feuilles. Il s’agit, apparemment, d’un plan de la ville avec tout le programme récapitulatif. Elle aurait dû commencer par là ! Elle ajoute qu’elle va me guider jusqu’aux vestiaires. Ah. Je l’arrête poliment une seconde pour lui faire savoir que j’accompagne le Seigneur Baal et que je dois retourner le chercher avant. Elle acquiesce, me disant qu’elle attendra là. Souriant, je reviens vers le prince impérial.

« Veuillez me pardonner pour l’attente. » Commencé-je, avant de poursuivre : « Le matin, c’est plutôt quartier libre à Katara. L’après-midi, une petite chasse au trésor est organisée dans un bateau abandonné. Et le soir, il y a une chasse aux lucioles. Bien entendu, aucune de ces activités ne sont obligatoires. Ah ! Et une jeune femme nous attend sur la plage pour nous guider jusqu’aux vestiaires. Apparemment, c’est fortement déconseillé de rester ainsi. »

Terminant le rapide résumé, je penche légèrement la tête sur le côté en attente de sa décision.

Recevant finalement une petite réponse, j’acquiesce tranquillement, à la fois en signe d’approbation que par réflexe instinctif pour signifier que j’écoute. Eh bien, la chasse aux lucioles me rappelle un peu les chasses aux papillons ou aux sauterelles que je faisais avec les autres enfants, quand j’étais petit… mais ça reste un évènement inattendu sur une… plage ? Ça doit vraiment être un spectacle mémorable, de voir des lucioles sur une plage ! Ça vit plus dans les forêts, après tout ! … ah ! Je devrais sans doute arrêter d’y penser ! Je ne crois pas que j’aurai l’occasion de participer à cette chasse ! Ce n’est pas bien grave ! Veiller à la sécurité du jeune prince est nettement plus importante ! Et je tiendrai toujours, toujours, toujours ma parole !

Un grand sourire lumineux s’épanouit sur mes lèvres à cette petite pensée. J’hoche de nouveau la tête, joyeusement, pour éviter d’interrompre Maître Baal pendant qu’il parle. Ça serait terriblement impoli ! Donc j’écoute calmement, même si j’ai hâte de pouvoir un peu explorer cette ville, Katara, avec lui, s’il est d’accord, et qu’il est probable que des petits signes de cette impatience soient perceptibles extérieurement. Je fais vraiment de mon mieux pour rester calme, je le jure ! Ce n’est pas super facile ! J’ai toujours été excité et curieux pour pas grand-chose ! Mes parents avaient aussi du mal à me contenir, à tel point qu’ils avaient fini par abandonner en songeant que c’était certainement mieux ainsi !

Eh bien, au moins, cette impatience persiste jusqu’à ce que je réalise l’ampleur du sens derrière le verbe « se changer ». Se changer pour quelque chose de plus léger. Glaps ! Je n’y avais pas pensé plus tôt du tout ! Une petite vague de nervosité commence à se former dans le creux de mon estomac. J’essaye de me ressaisir, recouvrer mon attitude enjouée. Même si la fissure dans mon sourire enthousiaste n’a pas du passer inaperçue, surtout pour le jeune prince. Mais allez, ça ne va pas me tuer ! Si ? Noooon… ça ne peut pas ! Je pense ! Ne pas laisser la crainte gagner du terrain ! J’opine pour la troisième de la tête, essayant de garder mon sourire aussi stable que possible.

« D’accord ! Suivez-moi ! La jeune femme nous attend sûrement toujours sur la plage ! »

Après un autre regard aux alentours, un réflexe de vérification devenu une habitude, j’ouvre la marche pour rejoindre la femme là où je l’ai précédemment abandonnée sur la plage. Elle nous accueille avec le même sourire que lorsque je l’ai rencontrée, mais ne perd pas de temps à déclarer qu’elle va nous guider jusqu’aux fameux vestiaires. Je peux sentir la panique s’accentuer légèrement, et fais de mon mieux pour l’ignorer. Sur le chemin, elle nous explique qu’à côté se trouve une sorte de petit magasin qui propose toute une panoplie de vêtements légers pour ceux qui n’en auraient pas apporté.

Ah, ah… youpi… ! C’est trop gentil… ! Je ressens déjà la honte me ronger sans même m’être encore changé. Huh… Nous parvenons finalement à destination devant un plutôt grand bâtiment. Elle nous montre l’entrée des vestiaires pour les hommes et admet être obligée de nous laisser nous débrouiller par nous-mêmes à partir de là. Le contraire aurait été un peu étonnant… ! Allez Myo, ressaisis-toi un peu ! Prenant une inspiration, je m’avance en premier pour ouvrir un peu la porte et, toujours par réflexe, vérifier à l’intérieur qu’il n’y a aucun truc suspect, avant de la pousser davantage pour laisser entrer le Seigneur Baal en premier. Puis, je suis à l’intérieur également.

C’est… un peu comme l’avait dit la jeune femme. Avec l’espèce de magasin à côté qui expose mille et un habits. Tous plus colorés les uns que les autres. Je suis… vraiment obligé, hein… ? Je baisse les yeux, ma main se crispant sur le côté de mon foulard, la honte finissant de me gagner. Je marmonne à voix basse, plus à moi-même qu’autre chose :

« Je euh… je suppose que nous n’avons pas le choix… ? »

Ce n’est vraiment pas une bonne idée. Pas du tout, du tout, du tout. Je regrette presque d’avoir dû venir. Je dis bien « presque », parce que mis à part ça, le reste de la journée semble toujours amusant ! Allez… ! C’est sûrement la seule fois où j’aurai à faire ça… ! Et c’est que pour aujourd’hui… ! Courage Myo, tu peux y faire face comme à chaque fois ! De toute façon, je n’ai pas réellement le choix. Et puis, Myo, tu oublieras la honte, une fois occupé avec les activités ! Tu le sais ! Alors tu peux y arriver ! N’abandonne pas !

Pas sûr que les auto-encouragements fonctionnent vraiment. Je mâchouille l’intérieur de ma joue nerveusement, avant de me forcer à arrêter pour prendre une profonde inspiration aussi discrètement que possible. Je suis le Seigneur Baal jusqu’à la petite boutique, regardant avec un œil un peu craintif les diverses tenues. Toutes plus légères les unes que les autres, et il y en a honnêtement pour tous les goûts ! Je suis persuadé que si la honte ne manquait pas de me submerger à tout moment, j’aurais pu trouver sans mal quelque chose qui me plaît !

Mais malheureusement, je n’arrive pas à ressentir un tiers d’une quelconque joie en voyant tous ces habits. Peut-être que les miens qui me recouvrent entièrement sont chauds et donnent chaud à ceux qui me regardent, cependant ils ne m’ont jamais dérangé personnellement ! Oui, j’ai un peu chaud moi-même dedans, sauf que ça va ! C’est largement supportable ! J’ai dû grandement m’habituer à la chaleur à force. Ce n’est plus du tout gênant pour moi !

Et comme si ça ne suffisait pas… le jeune prince en rajoute en me deman— en m’ordonnant – ça sonne plus comme un ordre – de choisir plusieurs vêtements pour lui. Je suis pratiquement certain qu’il a remarqué ma panique interne, c’est souvent bien le seul d’ailleurs. Ou du moins, le seul avec mes parents ! Pourquoi insister… ? Huh, parce que nous n’avons pas le choix, bien évidemment. Il n’est pas totalement impossible que ça l’amuse aussi ! Je l’ai déjà constaté quelques rares fois par le passé ! La plupart du temps, quelques heures ou jours après l’acte ! Je suis un peu lent à la détente, parfois, je le reconnais !

Réciproquement, Maître Baal déclare qu’il va choisir pour moi, et que je dois lui faire confiance pour ça. Bien que cela noue davantage mon estomac de frayeur, j’acquiesce lentement en guise de réponse, esquissant un petit sourire plus enthousiaste que le précédent :

« D’accord. C’est compris, Seigneur Baal ! »

Encore par moment, on me dit que je devrais me méfier du prince impérial, que je ne devrais pas autant lui accorder ma confiance. Je ne comprends pas bien pourquoi. Le Seigneur Baal est une bonne personne ! Pourquoi personne ne le voit ? Hum… acquiesçant inutilement à moi-même une nouvelle fois, je commence à arpenter les rayons du magasin, étouffant toujours de mon mieux la honte envahissante. Une seconde ! Qu’est-ce que Maître Baal apprécie comme genres de tenue ?! Je n’en ai pas la moindre idée, moi ! Et je n’ai pas pensé à lui demander ! Même si je doute qu’il m’aurait répondu ! Euh… euh… ! Je ne sais vraiment pas !

Je déglutis intérieurement. Je suppose que je vais devoir y aller à l’instinct ! Urgh… ça sent mauvais à la fin… je vais me louper en toute beauté ! Peut-être que je devrais prendre de tous les styles, comme ça, je suis sûr qu’un lui conviendra ?! Ouais, ouais ! Je vais faire ça ! C’est une bonne idée ! Au moins, ça semble en être une ! Alors je me mets à piocher quelques habits aléatoirement tout en faisant le tour entier du magasin. À la fin, plusieurs porte-manteaux en main, je fronce les sourcils en voyants certains trucs vraiment trop colorés. Wow ! Non, mieux vaut reposer ça ! Je ne le verrai jamais porter des trucs pareils !

… euh… bien ? Je pense que ça devrait faire l’affaire ? Pourquoi ai-je l’impression d’avoir plus de vêtements unis ? Je ne sais pas trop… tant pis ! Je ressors du magasin pour attendre patiemment que le jeune prince en revienne également. Je me permets de jeter un coup d’œil autour de moi pour apercevoir des cabines. Sûrement pour se changer ! Toujours mieux que rien ! Même si je n’ai toujours pas envie du tout…

Je patiente sagement en observant autour de moi, essayant de mon mieux de repousser la nervosité et la honte gagnant toujours plus de terrain. Ah, en plus des cabines, il y a aussi des casiers. Pour poser les affaires afin de ne pas être encombré, probablement. On ne risque pas de se les faire voler en les laissant dans ces casiers ? Peut-être qu’il y a un mécanisme pour garder les casiers fermés, afin qu’ils soient juste ouverts par ceux qui les utilisent… oui, sans doute ! Ça serait stupide, autrement !

Un bruit de pas léger dans mon dos me parvient, et je me retourne aussitôt. Après tout, ça ne peut être qu’une personne. Je n’ai pas vu qui que ce soit d’autre dans les vestiaires, et toutes les cabines semblent ouvertes. J’ai presque envie de dire… encore heureux. Qu’il n’y ait personne. Je ne sais pas trop pourquoi. Ce n’est pas dans mes habitudes de penser ça… en plus, n’importe qui pourrait entrer à tout moment. Mais c’est sûrement juste à cause de la honte qui ronge mon esprit et envenime mes pensées. Je ne peux pas laisser ça arriver ! Je déteste la négativité ! Ça n’apporte rien du tout !

De toute façon, ça n’a même pas de sens d’avoir pensé ça ! Tout à l’heure, je serai à coup sûr dehors dans l’une de ces tenues super légères que les gens portaient ! Alors plein de personnes me verront ! Donc, qu’il n’y ait personne ou non dans les vestiaires, ça ne changerait rien ! C’est… non, je ne sais pas. La honte doit juste anéantir le peu de logique que je possède ! Ouais ! Certainement ! Ça ira mieux à la fin de cette journée ! Juste quelques longues heures à tenir ! Ça devrait le faire ! Je peux le faire !

La tête penchée un peu sur le côté, j’observe curieusement ce que le Seigneur Baal a pris pour moi… Eh bien, il semblerait qu’il avait une idée bien fixe, contrairement à moi ! Il n’a choisi qu’une seule tenue ! A-t-il décidé en fonction de ses propres goûts ? En fait, je ne suis même pas sûr de connaître mes goûts personnels, moi-même, alors bon ! Il aurait sûrement pu prendre n’importe quoi, ça me serait convenu ! Dans des circonstances normales, tout du moins. Parce que le fait que ce soit un habit léger m’embarrasse toujours. En tout cas, il savait mieux que moi ce qu’il voulait !

Huh ? Je me suis surpassé ? Vraiment ? Qu’est-ce que ça signifie, d’abord ? Est-ce ironique dans le style, je me suis surpassé pour réussir à prendre tout ça ? Ou est-ce sincère dans le style, j’ai choisi le bon genre de vêtements ? Peut-être les deux aussi ? Je crois que je ne le saurai probablement jamais ! Alors je n’ai qu’à partir sur la deuxième option ! Un sourire enthousiaste se dessine sur mes lèvres, d’autant plus que le jeune prince décide réellement sa tenue parmi celles que j’ai trouvées ! Je suis content que ça lui convienne ! J’hoche de la tête en confirmation pour le reste à reposer, avant de regarder plus précisément ce qu’il me tend.

C’est… original ! Sincèrement ! Il y a des motifs d’une des variétés de palmiers ! J’aime… bien. Même si ça aurait été encore plus sympa si ça n’avait pas été un short de bain ! Avec un nouveau acquiescement, je prends la tenue, avant de retourner vers le magasin pour poser les tenues inutiles. Ceci fait, je ressors avec un regard nerveux vers les cabines. Et… encore plus nerveux maintenant avec la limite de temps. J’avale difficilement, me résignant à « faire vite ».

…

… ah. Marrant, j’ai l’impression d’avoir froid, désormais. Et j’avais oublié mon foulard aussi. Je le passe autour de mon cou. Un bref coup d’œil dans le miroir plus tard, huh. Ça fait un peu ridicule, je trouve. Mais l’enrouler autour de mon bras, ça risque d’être pire. Au moins… ça cache… ? Juste un peu… ? Mieux que rien, je suppose… ? Je déteste vraiment mon apparence aussi frêle… j’ai presque l’air d’une fille… euh… oui, enfin non— enfin, je ne sais pas— je n’ai pas exactement eu l’occasion de comparer et ça ne risque pas d’arriver !

Les dix minutes doivent s’être écoulées, en plus… je n’ai pas exactement regardé l’heure, puisque je n’ai même pas de montre. J’ouvre légèrement la porte de la cabine pour jeter un regard à l’extérieur. J’aperçois le Seigneur Baal qui attend déjà. Oups… sauf qu’instinctivement, je ferme juste la porte, les mains tremblantes. J’enfouis mon visage rouge de honte – elle a gagné finalement – dans mes mains. Hey non ! Je ne pleure pas non plus ! Mais je ne peux pas… je ne peux pas… ! Qu’est-ce que je suis censé faire… ? La panique ressurgit brusquement et fortement, amenant une vague pessimiste avec elle.

Bravo Myo, vraiment bravo. Et là, tu risques surtout d’énerver Maître Baal. … ah ! Je me redresse d’un coup, probablement toujours rouge de honte, mais je n’en tiens plus compte. Ce n’est pas que j’ai peur de la colère du jeune prince. C’est mon ami, on n’a pas peur de la colère de ses amis ! Non, c’est justement que je n’aime pas le mettre en colère ! Me ressaisissant tant bien que mal, rassemblant un maximum de courage, je me décide à sortir vraiment de la cabine, m’inclinant aussitôt.

« J-Je suis désolé… ! Ç-Ça a été plus fort que moi… ! »

Il est en colère. Le Seigneur Baal est en colère. Au moins, suffisamment pour que ça s’entende un peu dans sa voix. Je ne voulais pas. Je ne voulais pas l’énerver ! C’est supposé être une journée amusante. Et je la gâche déjà ! Ce n’est pas bon, pas bon du tout… ! C’est probablement stupide de se sentir mal. Mais je me sens réellement mal à ce sujet. Quel genre d’ami met en colère ses amis ?! Moi, je déteste ça ! Et encore plus lorsqu’il s’agit du jeune prince !

Pourtant ses prochains mots, ceux après mes excuses, semblent plus calmes à nouveau. Oublié ? Si vite ? C’est… un peu difficile à croire. Lentement, craignant vaguement que l’ordre n’était qu’une autre farce ou quelque chose, je me redresse. Mais… mais non. Maître Baal a l’air d’être déjà passé à autre chose. Je croise le regard ambré un bref instant avant de rebaisser les yeux. Par respect. Et par honte aussi, toujours présente, refaisant horriblement surface maintenant.

Eh bien… c’est normal que le Seigneur Baal ressortait toujours au sommet lors des trucs… euh, des entraînements, oui, durant notre service militaire. À mon inverse, même si ce n’était pas bien compliqué d’être meilleur que moi. À choisir, je préférais nettement m’occuper des plantes à Reytel. Euh… je m’égare. Quoi qu’il en soit, il semble clairement plus fort que n’importe qui, physiquement parlant. Et— hein ?

Quoi… ? Un court instant, je relève les yeux, sincèrement surpris et doutant même d’avoir bien entendu. Outre cette petite chaleur réconfortante qui atténue légèrement la honte, un petit sourire se faufile sur mes lèvres. Bien que ça ne change pas le fait que je ne sois pas certain de bien comprendre. Pourquoi ? C’est une autre blague, n’est-ce pas… ? Apparemment… non. Encore. Aussi vite que le jeune prince a « oublié », cette fois, il a l’air très sérieux. Jusqu’à ce qu’il avance vers moi pour retirer mon foulard.

Instinctivement, je tends la main vers celui-ci pour le récupérer, une lueur paniquée passant certainement dans mon regard, et qui n’a pas dû passer inaperçue pour le prince impérial. Avant de me figer sur place au vague ordre prononcé. Les habitudes ont peut-être la vie dure, parfois. Je laisse mon bras retomber près de moi. C’était sans doute juste une façon de parler, mais ça a été plus fort que moi. Je rougis vivement d’embarras lorsqu’il passe mon foulard autour de ma taille.

« Q-Qu’est-ce que vous— » Le jeune prince termine d’attacher mon écharpe avant de se relever, vraisemblablement plutôt fier de lui. « J-Je pouvais le faire moi-même si vous m’aviez demandé… mais merci… »

Un sourire se dessine, toutefois, à nouveau sur mes lèvres alors que je baisse encore légèrement les yeux. Ça va mieux, mine de rien, je ne peux pas le nier. La honte et l’embarras sont toujours là, mais moins oppressants. Ils ne disparaîtront pas de si tôt, je crois. Mais c’est mieux. Et c’est uniquement grâce au prince, avec juste quelques mots.

« Ça vous va bien aussi. »

… ! Ah— ça m’a échappé. C’était une pensée aléatoire, venue de je-ne-sais-où. Je ne comptais pas vraiment la dire ! C’est exactement le genre de choses que disent tous ces gens quand ils cherchent à obtenir quelque chose ! Je n’aime pas ça ! Oui, je sais, il y a beaucoup de choses que je n’aime pas ! Mais moi, je l’ai juste pensé comme ça, sans aucune raison derrière ! Je secoue mes mains devant moi, inquiet à l’idée qu’il l’ait mal pris.

« J-Je suis désolé ! J’ai dit ça sans réfléchir, rien d’autre ! Je vous le promets ! »