Accueil à Katara

Myo

Qu’est-ce que je suis censé faire maintenant... ? Que sommes-nous censés faire ? Cela peut être difficile à croire, mais je n’en ai pas la moindre idée. Contrairement à la noblesse paresseuse de Nael, ou à la royauté tout aussi lascive de Uxy, je n’ai jamais eu guère le temps de m’adonner à de telles activités. Passer une journée à la plage, ou même à la montagne, être là juste pour le plaisir d’être là... Non, vraiment. Cela ne m’était jamais arrivé. Habituellement, lorsque je sors de Elsia ou du fort du Nord, c’est toujours avec un but bien précis. Simple, précis, concis. Une fois ma tâche effectuée, je préfère retourner à mes appartements pour m’occuper des affaires de l’état. Ou de mon futur état. C’est qu’être héritier d’un Empire est un emploi de chaque instant, après tout.
Est-ce étrange de penser cela ? C’est dans cet optique que je suis né, après tout. Nul hasard dans ma conception, ou dans mon éducation, j’existe littéralement pour servir un but. Vu les relations que Père et Mère entretiennent, je doute même souvent qu’il y ait eu un autre sens à ma naissance.

Qu’importe, je ne plains guère de ma situation, juste du fait que je suis planté sur une plage sans savoir quoi faire, en attendant que mon vassal daigne sortir. Ce qu’il peut être pudique... c’est ridicule.  

Il a beaucoup de gens autour, je pourrai m’inspirer de leurs activités mais... mais je ne vois rien de bien intéressant. Rien qui attire mon intérêt. Je ne vois qu’inutilité et dépense d’énergie sans but.

Finalement, Myo me rejoint, en silence. Je me demande s’il est tout aussi perdu que moi... après tout, il ne vient pas de la capitale, et qui sait ce qu’il faisait de son temps libre dans son village. Il faudrait que j’aille le voir un jour... cela pourrait être intéressant, toujours plus intéressant que cet endroit.

Perdu dans mes pensées, je ne remarque guère la mise en marche de mon cher vassal. Mise ne marche rapide et... imprévisible. A vrai dire, je ne m’en rends compte que lorsqu’il commence à me tirer derrière lui dans une direction quelconque. Autant la surprise que le choc me coupe littéralement la parole dans un première temps. Comment expliquer... Littéralement personne ose s’approcher de moi de trop près, alors me tirer ainsi, encore moins !

Je pense qu’il s’en rend également compte vu comment il se fige, droit comme un ‘I’ et s’excuse complètement. Pfff, stupide. Il ne s’est littéralement rien passé. Comme souvent, sa réaction si naïve et franche a le don de me faire sourire et même rire légèrement. A ses dépends, certes, mais rire quand même. Le but de la journée n’est-elle de se mettre sur un pied d’égalité ? Oui, je reste son supérieur, mais quel intérêt de rester aussi coincé en ma présence... Sa manie de s’excuser plus vite que son ombre me laissera toujours sans voix, je crois.

« Allons, Myo, détends-toi ! Il n’y a pas de mal ! » J’ajoute alors, toujours léger... A croire que ce soleil me rendrait presque abordable ? Presque.  « N’est-ce pas l’objectif de la journée que nous soyons égaux... dans les limites du raisonnable ? »

Car je doute pouvoir être l’égal véritable de qui que ce soit ici, mais c’est une autre histoire. J’observe les alentours pour repérer où il voulait tant m’emmener. Si j’ai bien entendu... bingo ! Un stand avec des pastèques. Je fronce légèrement les sourcils en essayant de comprendre. Visiblement... ils proposent de briser des pastèques avec une espèce de bâton ou de masse... et après on peut se servir ? Ma foi... pourquoi pas ? ça ressemblerait presque à un jeu Naelite. Taper sur des choses, nous sommes relativement fort dans ce domaine. Je pointe la direction et le stand du doigt.

« C’est là que tu veux aller ? » Un léger rictus amusé orne mes lèvres. « Tu veux te mesurer à moi dans une épreuve de force ? Amusant ! Allons vois ça de plus près ! »

Et je m’y rends, sachant pertinemment qu’il va me suivre. Je n’ai même pas le vérifier, il est pire que mon ombre.

Goyangi