Le soleil commence à se lever paisiblement, réchauffant de ses doux rayons l’atmosphère encore chargée d’humidité et de rosée matinales. Un sourire orne mes lèvres alors que j’observe le lent réveil de la capitale qui s’étend devant ma fenêtre, les bras appuyés sur le rebord de celle-ci. C’est vraiment agréable d’avoir une vue sur la ville de Nirally comme ça. Je peux assister à l’éveil des habitants, ceux qui se réveillent tôt pour ouvrir leur boutique ou autres activités qui leur tiennent à cœur. Ça éclaircit toujours ma journée à venir. Je pourrais les regarder s’affairer à leurs tâches pendant des heures si je n’avais rien à faire.

« Amoureux de son peuple », c’est ainsi que me qualifie certains habitants. Ça sonne vraiment étrange, dit comme ça, mais ça me résume plutôt bien, je suppose. Je trouve la motivation de me lever chaque jour pour eux, chaque personne qui habite à Uxy, pour les aider, les soutenir, les conseiller, les écouter. Vivre au plus proche d’eux, tel est mon rêve réalisé à travers les Gardiens. Ne pas rester emprisonné à Nirally, au palais royal, avec des tonnes de responsabilités à tenir et à remplir. Je n’envie pas tellement ma sœur, future héritière, coincée avec toutes ces obligations. Mais c’est bien pour ça également que je l’embarque parfois dans des petites mésaventures.

Bien, il va être l’heure d’y aller. Les Gardiens se lèvent généralement en même temps que les habitants pour commencer à apporter leur aide, dès les premières lueurs de l’aube. Quand il n’y a pas de mission importante, ils vaguent à travers le Royaume sans réellement avoir besoin d’ordres de ma part pour agir. Cependant, je mets toujours un point d’honneur à passer régulièrement à la Caserne pour les voir. Plus que des camarades, ce sont des amis en lesquels j’ai confiance. C’est pratiquement comme ma deuxième maison aussi. Je pourrais y habiter, comme quelques uns des Gardiens. Après tout, si certains d’entre eux vivaient originalement dans une ville au-delà de Nirally, faire le trajet tous les jours aurait été fatiguant pour eux.

Encore vêtu de mon costume blanc immaculé à cause du petit-déjeuner, je prends un peu de temps pour me préparer et mettre une autre tenue plus convenable. Puis je quitte finalement le palais royal, non sans une multitude de salutations sur le chemin, et un bref passage en cuisine pour demander quelques suppléments. Ils n’en manquent probablement pas, à la Caserne, mais ça leur fera quand même plaisir, je pense. Sourire aux lèvres, je me rends sans détour à la Base des Gardiens. J’entre sans vraiment avoir besoin d’avertir qui que ce soit, arrivant pratiquement directement dans la salle principale, servant à globalement tout. Ce n’est pas immense, mais c’est largement suffisant. En prime d’être un minimum décoré pour que ce soit accueillant et chaleureux. On s’y sent presque comme si on était à la maison.

Tranquillement, je salue les Gardiens déjà présents dans la salle avec un signe de la main et ce même sourire amical et habituel. Évidemment, je les connais tous, c’est la moindre des choses pour le Chef des Gardiens. Je m’avance et dépose le sac de victuailles offertes par les cuisiniers du palais au centre de la grande table. Mon regard émeraude se pose sur chacun de mes camarades.

« Bonjour tout le monde. Vous avez bien dormi ? Je vous ai apporté quelques viennoiseries. Non, je ne les ai pas achetées à la boulangerie du coin de la rue. »

Même si les repas préparés par les cuisiniers du palais ne sont pas toujours forcément meilleurs que ceux faits par les habitants eux-mêmes. À mon goût en tout cas. Je m’écarte un instant pour aller regarder le tableau des missions, les bras croisés.

« Alors, combien de chatons coincés dans les arbres à secourir, aujourd’hui ? »

Un léger rire m’échappe tandis que je place une main devant ma bouche. Il faut dire que je me sens toujours beaucoup plus à l’aise parmi eux qu’au palais, donc ce genre de petites blagues faites pour détendre l’atmosphère sont presque monnaie courante. Je me détourne du panneau pour revenir vers eux, souriant toujours.

« Je plaisante. Quoi de neuf ? »