quand on tue de grands rêves, il coule beaucoup de sang
feat. daraen
Contraint de ne pas pouvoir quitter le château, sauf pour des missions proposées par ton père ou les demandes de l'Empire, tu marchais d'un pas lent dans les couloirs de ta demeure. Cela te faisait toujours étrange de ne jamais te sentir chez toi complètement, ici, puisque beaucoup de gens avaient su te mettre dans la tête que tu ne méritais que ton titre de « bâtard » et pas « impérial ». La mère de Kahlan et Baal notamment, qui avait tout fait pour t'éloigner d'eux, afin qu'ils ne soient pas souillés par ta méchanceté et ton sang impur, te faisait sentir comme un rejeté de la Cour, le mouton noir du groupe. Après tout, toi seul avait les cheveux blancs immaculés dans cette famille, le reste, c'était du rouge. Un petit sourire ironique naquit sur tes lèvres : oui, c'était un fait ironique, toi, tu étais blanc comme neige, comme l'innocence, et eux, de par leur chevelure, portait très bien la nature de leurs choix et de leurs actes.
Tu te surpris à laisser aller ainsi des expressions naturelles, mais des déformations physiques que tu tentais de cacher, encore et toujours, parce que tu craignais les remarques, ou les reproches. Pourtant, il était encore tôt, tu ne croisais personne d'autre que les braves soldats veillant à la sécurité du château. Avec seulement quelques heures de repos, et pas même une de sommeil, tu te dirigeas, de ton accoutrement noir et simple, vers l'immense bibliothèque. Il faisait un peu frais ce matin-là, tu avais pris le soin de porter une longue cape de la couleur des ténèbres, qui virevoltait à chacun de tes pas.
Tu poussas la grande porte menant à ton Paradis de livres et de savoirs encore inconnus pour certains, tu pouvais te permettre de dire que tu connaissais au moins parfaitement les contours de Nael, autant que les bords d'Uxy, pour les ouvrages que vous aviez conservés au fil des années. Tu aimais apprendre, lire, découvrir des langages, des cultures passées, pouvoir t'inspirer d'eux, et aussi chercher des réponses sur ton pouvoir et Soma, le Dragon Divin. Tu avais alors pris une chandelle allumée, menaçant de s'éteindre si tu faisais des gestes brusques, tu posas alors ton tome sur le bord d'une table et commença à arpenter la lignée d'archives abîmées juste en face. Histoire d'avoir un œil sur ton tome, de ne pas le laisser ici insouciamment.
Perdu dans tes fouilles, tu ne te rendis pas compte du temps qui passait, et de ta bougie maintenant éteinte, les lueurs du jour avaient éclairé la pièce et comme à chaque fois, tu avais l'impression de te réveiller d'une longue sieste. Assis à une table, le nez penché sur un bouquins dont le langage t'était encore inconnu, tu ne décrochais pas, jusqu'à ce que tu entendes la porte s'ouvrir, une silhouette se détachant du reste.