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Quand on a plus de tête, il faut avoir des jambes...
Lucina sortit de son sommeil dans un sursaut brusque, alors que son esprit embrumé lui faisait prendre conscience du fait qu’un bras était passé sous sa tête, et qu’une main s’était posée sur celle qui tenait encore Falchion.
La jeune femme entendit vaguement quelques mots être soufflés par la personne qui se trouvait être derrière elle, et avait posé sa tête contre son dos, mais ne compris pas vraiment le sens de ces mots.
Perturbée, elle resta immobile pendant quelques secondes, alors qu’elle tentait de comprendre où elle était, et avec qui.
Lorsque les souvenirs de la veille lui revinrent, Lucina lâcha soudainement la poignée de Falchion, laissant l’arme tomber au sol avec une sorte de "Clang !" caractéristique.
- "Je suis désolée Utsuro je… Je ne voulais pas vous réveiller ainsi…"
Quelques mots prononcés avec une certaine note de culpabilité furent ce qui troubla le silence qui s’était installé jusque là. La tension de son corps ne semblait cependant pas décidée à diminuer, preuve qu’elle restait perturbée par ce qu’elle avait vu.
Après quelques instants d'immobilité supplémentaires, la voyageuse d’un autre monde se dégagea doucement du contact de la mage en soufflant, alors qu’elle se levait :
- "J’ai… J’ai besoin de prendre l’air…"
Replaçant Falchion dans son fourreau, Lucina attacha ensuite celui-ci à sa taille et, une fois ses bottes remises rapidement - presque précipitamment - quitta la chambre.
Prenait-elle la fuite ? Plus ou moins. Elle savait ne pas pouvoir se rendormir après son cauchemar, et ne voulait pas non plus être confrontée aux potentielles questions d’Utsuro. De plus, quitter la pièce afin de laisser celle-ci dormir lui paraissait être la meilleure option.
Elle se retrouva donc dans les rues de la capitale Uxyienne après quelques instants, pour s’adosser contre le mur de l’auberge, à gauche de l’entrée du bâtiment. Pensive, la jeune femme leva le nez pour observer la voûte céleste, pensant trouver un certain apaisement dans l’observation de celle-ci… Mais c’est un malaise qui naquit en elle à la place, étreignant son coeur dans une poigne douloureuse.
Au fil des années, elle avait appris à reconnaître la plupart des constellations que les astres pouvaient former, dans son monde. Sauf que, ici, elle ne retrouvait aucune des silhouettes familières qui avaient le don de la calmer après un tel cauchemar.
Un rappel à la réalité qui eu l’effet d’un coup de massue pour Lucina : elle n’était plus à Ylisse, et ignorait même si elle pourrait y retourner un jour. La jeune femme était bloquée dans un nouveau monde, sans possibilité de retour.
Elle était devenue une Princesse sans royaume sur lequel veiller, après avoir passé la majorité de sa vie à combattre pour les siens. Ici, elle n’était personne. Juste une étrangère suscitant méfiance aux dirigeants et protecteurs de ces terres.
Être considérée comme une menace potentielle, après avoir lutté tant de temps pour protéger autrui. Ironique n’est-ce pas ?
Lucina ferma les yeux, ne pouvant d’un coup plus supporter la vue de ces constellations étrangères alors que le mal du pays s’installait davantage encore dans son esprit, la tourmentant, lui donnant presque la nausée.
Posant une main sur la poignée de Falchion - la seule chose familière lui restant encore - la jeune femme finit par rouvrir les yeux, et se décala du mur. Elle avait besoin de marcher, d’occuper son esprit dans l’espoir de chasser ce malaise grandissant en elle.
Lucina se tourna alors une seconde vers l’auberge afin d’en mémoriser le nom et l’apparence, et ne tarda pas à s’engager plus ou moins au hasard dans les rues de l’immense ville.
Elle voulait juste marcher. Marcher et, l’espace de quelques instants, oublier.
Oublier la peine étreignant son coeur à l’idée qu’elle ne reverrait plus les prairies verdoyantes d’Ylisse, ou les forts majestueux du royaume Feroxien. Oublier cette culpabilité la rongeant depuis plusieurs années maintenant. Oublier les visages de ces personnes, envoyées à une mort certaine par sa faute.
Juste oublier, l’espace de quelques instants, et ainsi libérer son esprit de ses chaînes.
Une pensée égoïste peut-être. Mais Lucina ressentait le besoin de sortir de ses tourments, même si ce n’était que pour un temps.
La jeune femme entama donc une marche rapide dans les rues de Nirally alors qu’elle gardait une main sur le pommeau de son épée, laissant ainsi son esprit se focaliser sur les mouvements réguliers de son corps plutôt que sur les divers sentiments l’assaillant...